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Violence en ligne, reconnaître les différentes formes de harcèlement et d’agressions en ligne

Cyberharcèlement, revenge porn, (slut) shaming, doxxing… de quoi parle-t-on au juste ?

La toile est truffée de bons conseils, de bonnes intentions et de belles surprises, mais… Le monde numérique connecté entraîne malheureusement avec soi aussi une dose non négligeable de violence, sous différentes formes.

La violence en ligne s’exprime de différentes manières : elle peut être directe, par exemple une injure adressée à une personne ou à une communauté, ou elle peut être indirecte et insidieuse, par exemple les biais intégrés dans les algorithmes des réseaux sociaux.

Pour comprendre les agressions en ligne, il faut comprendre le fonctionnement d’internet et de ses plateformes. Aujourd’hui, toutes les plateformes mettent des systèmes de modération en place (automatisés ou non, certains plus laxistes que d’autres), et ce sont ces règles d’usage commun que les utilisateurs vont détourner pour faire passer leur message.

Les millions de messages échangés publiquement ne sont pas nécessairement revus ou filtrés et il dépend souvent des utilisateurs de signaler un message comme inapproprié, violent ou haineux. À cause de cette zone grise, les internautes ont plus de latitudes pour s’exprimer sans grandes craintes de modération ou de sanction.

Les différentes formes de violence en ligne

  • Cyberharcèlement

Le cyberharcèlement regroupe des attaques répétées sur internet (insultes, menaces, moqueries, usurpation d’identité…) visant à blesser, intimider ou isoler une personne. Il peut toucher tout le monde, mais affecte particulièrement les publics déjà vulnérables. Son impact est renforcé par la permanence, l’anonymat et la diffusion rapide des contenus.

  • Sexting

Il s’agit de l’envoi de contenus à caractère sexuel (textes, images, vidéos) sans le consentement du destinataire. Ce type de harcèlement en ligne est fréquent sur les réseaux sociaux ou les applications de rencontre, et constitue une forme de violence sexuelle numérique.

  • ‘Shaming’ et ‘slut shaming’

Ces pratiques consistent à rabaisser ou humilier publiquement une personne – souvent une femme – en raison de son apparence, son comportement, sa vie intime ou ses opinions. Le slut shaming vise spécifiquement à stigmatiser la sexualité réelle ou supposée d’une femme, renforçant les inégalités de genre en ligne.

  • Gaslighting

C’est une forme de manipulation psychologique qui vise à faire douter une personne de ses propres perceptions ou de sa mémoire. En ligne, cela peut passer par la déformation de propos, la moquerie ou la remise en question permanente, dans le but de discréditer et de prendre le contrôle.

  • Doxxing

Le doxxing consiste à publier en ligne des informations personnelles et confidentielles (adresse, numéro, photos, etc.) d’une personne sans son consentement, dans le but de nuire, d’intimider ou d’encourager d’autres internautes à la harceler.

  • ‘Revenge porn’, ou la pornodivulgation

Il s’agit de diffuser des images ou vidéos intimes sans l’accord de la personne concernée, souvent à des fins de vengeance, de chantage ou d’humiliation. Cette pratique porte gravement atteinte à la vie privée et touche majoritairement les femmes.

  • ‘Happy slapping’, ou le lynchage vidéo

Cette forme de violence implique l’agression (physique ou verbale) d’une personne, filmée pour être partagée ensuite sur les réseaux. L’objectif ? Humilier la victime publiquement, parfois simplement pour « divertir » un groupe.

  • Groupes secrets et fermés

Sur certaines plateformes ou applications, des groupes fermés permettent de contourner la modération et de partager librement des contenus sexistes, racistes, homophobes ou violents. Ces espaces nourrissent un sentiment d’impunité et renforcent les discours de haine en ligne.

Qui sont les victimes de la violence en ligne ?

Les violences en ligne peuvent toucher tout le monde, mais certaines personnes sont plus exposées en raison de leur situation personnelle ou sociale. Parmi les publics les plus touchés, on retrouve :

  • Les jeunes (adolescents et jeunes adultes), très actifs sur les réseaux sociaux.
  • Les femmes, plus souvent ciblées par des violences sexistes, du slut shaming ou du harcèlement sexuel.
  • Les personnes issues de minorités ethniques ou religieuses, confrontées au racisme ou à la xénophobie en ligne.
  • La communauté LGBTQIA+, souvent victime de propos haineux, de moqueries ou de campagnes de harcèlement.
  • Les personnes en situation de handicap, de maladie ou de précarité, souvent stigmatisées.
  • Les personnes âgées, parfois moquées ou visées par des arnaques ciblées.

Les victimes de violences en ligne sont souvent les mêmes que celles déjà exposées à d’autres formes de discriminations dans la société. La violence numérique peut ainsi renforcer des inégalités existantes.

Quels sont les impacts liés à la violence en ligne ?

Les effets de la violence en ligne ne sont jamais uniquement virtuels. Ils peuvent être profonds et durables, notamment chez les publics les plus fragiles :

  • Perte de confiance en soi, sentiment de honte ou de culpabilité
  • Stress, anxiété, voire dépression
  • Isolement social, repli sur soi
  • Troubles du sommeil ou de la concentration
  • Difficultés scolaires ou professionnelles
  • Pensées suicidaires, dans les cas les plus graves

Pour les accompagnants et professionnels, il est essentiel de prendre au sérieux ces impacts, d’écouter sans juger, et de proposer un cadre rassurant, informatif et soutenant.

Qui fait quoi pour protéger les internautes ?

« Ce qui se passe à Las Vegas reste à Las Vegas. » Ce qui se passe sur internet reste sur internet ? Pas vraiment. 

Malgré un certain laxisme de la part des grands réseaux sociaux, il y a de nombreux utilisateurs dont les contenus sont retirés du web et dont les comptes sont suspendus. L’exemple le plus médiatisé en ce sens, fût l’exclusion de l’ancien président américain Donald Trump des plateformes Twitter (devenu X), Facebook, Instagram et YouTube. Dans cet exemple, les plateformes elles-mêmes avaient jugé que les propos ne correspondaient pas aux règles d’utilisation de la plateforme.

Comme en rue, dans la presse ou à la maison, les lois protégeant les citoyens s’appliquent au monde numérique. En Belgique aussi, les internautes sont protégés par la loi. En ce sens, certains membres du groupe estudiantin et politique d’extrême droite gantois « Schild en Vrienden » sont jugés pour des propos de négationnisme, racisme, xénophobie et misogynie exprimés dans un groupe WhatsApp privé et dont les contenus ont fuité suite à un reportage de la VRT. En Wallonie plusieurs jeunes ont été condamnés suite à la mort d’un adolescent dont l’agression avait été filmée (‘lynchage vidéo).

Il existe par ailleurs plusieurs services de lutte contre la cybercriminalité (dont le cyberharcèlement) et de protection des internautes en Belgique : la ‘Federal Computer Crime Unit’ de la Police Judiciaire Fédérale, la ‘Regional Computer Crime Unit’ et le ‘Centre pour la Cybersécurité Belgique’ (CCB), qui supervise, coordonne et veille à la mise en œuvre de la stratégie belge en matière de cybersécurité.

L’Europe aussi a pris le pas et le « Digital Services Act » (DSA), ou la « législation sur les services numériques », vise à modérer l’utilisation d’internet, l’intelligence artificielle et les contenus qui circulent en ligne, afin de mieux protéger les internautes.

Dans le contexte de la reprise armée du conflit israélo-palestinien en octobre 2023, la Commission européenne a appelé les réseaux sociaux X (anciennement Twitter), TikTok et Meta à justifier les mesures mises en place pour lutter contre la désinformation et pour protéger les mineurs d’âge des contenus violents.

Notre rôle, en tant qu’aidants numériques

Accompagner des publics dans le numérique, ce n’est pas seulement leur apprendre à utiliser un ordinateur ou une application. C’est aussi les aider à naviguer en toute sécurité, à reconnaître les risques… et à se protéger.

En tant qu’aidants numériques, nous pouvons :

  •  Sensibiliser aux différentes formes de violences en ligne (harcèlement, arnaques, messages haineux…)
  • Écouter sans juger les récits des personnes qui en sont victimes ou témoins
  • Expliquer les bons réflexes : signaler, bloquer, ne pas répondre, demander de l’aide
  • Orienter vers des ressources adaptées ou des structures spécialisées
  • Créer des espaces bienveillants, où chacun peut poser ses questions et apprendre à se défendre

Lutter contre la violence en ligne, c’est aussi renforcer l’autonomie numérique en toute confiance.

Numéros et services utiles en Belgique – Violence en ligne

  • Safeonweb
    Plateforme officielle d’information et de signalement des contenus malveillants, arnaques, hameçonnages, etc.
    🌐 www.safeonweb.be
    Signaler un incident : via le formulaire en ligne
  • Child Focus
    Pour signaler des abus, du cyberharcèlement ou des images à caractère sexuel impliquant des mineurs.
    📞 116 000 (numéro gratuit, 24h/24 – 7j/7)
    🌐 www.childfocus.be
  • Police fédérale – Computer Crime Unit
    Pour porter plainte en cas de cyberharcèlement, usurpation d’identité, revenge porn, etc.
    Se rendre dans un commissariat ou contacter le site local de la Police Judiciaire Fédérale
  • Écoute violences sexuelles
    Pour toute forme de violence sexuelle, y compris en ligne (sextorsion, pornodivulgation, etc.)
    📞 0800 98 100 (anonyme, gratuit, 7j/7)
    🌐 www.violencessexuelles.be
  • Centre de prévention suicide
    En cas de mal-être ou pour une personne en détresse suite à des violences en ligne
    📞 0800 32 123 (gratuit, 24h/24 – 7j/7)
    🌐 www.preventionsuicide.be
 

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