Carsharing, peser le pour et le contre
La mobilité en Région bruxelloise est un sujet qui fait couler beaucoup d’encre et dont les avis divergent parfois fortement. Une des solutions avancées pour une mobilité plus fluide et cohérente dans la capitale est de miser, entre autres, sur l’autopartage. Qu’en est-il réellement ? Dans un contexte d’inclusion numérique, quels sont les avantages ou les inconvénients ?
L’autopartage, ou carsharing, vise à optimiser l’usage des voitures, en se détachant du concept des voitures individuelles et en faveur de voitures utilisées par plusieurs personnes, sans que ces personnes ne ressentent de contraintes logistiques. Cette stratégie de mutualisation repose, entre autres, sur le constat qu’une voiture privée n’est utilisée en moyenne que 5% du temps. Le carsharing augmente le pourcentage d’utilisation et offre des économies d’échelle aux utilisateurs. Prenons un cas concret.
Sylvie, employée à temps plein et avec un enfant, a une voiture citadine privée qu’elle utilise principalement pour faire ses courses, déposer son enfant à une activité de loisirs une fois par mois, faire certains déplacements le week-end et partir en vacances une fois par an en Allemagne. Pour aller au travail, elle utilise majoritairement les transports en commun et le vélo quand il fait beau. Suivant ce scénario, sa voiture reste à l’arrêt toute la semaine. Pourtant, elle paye une taxe de circulation, une assurance, le contrôle technique et amortit son achat, qu’elle utilise sa voiture ou non.
Dans ce cas de figure, Sylvie roule environ 4.000 kilomètres par an. Suivant les modèles d’autopartage et à voiture citadine égale, un rapide calcul en ligne nous informe qu’elle pourrait faire jusqu’à 2.700€ d’économies par an en utilisant une voiture partagée !
Le cas de Sylvie, est-il isolé? Qu’en est-il des familles avec des enfants ou des personnes à faible revenu?
Un ordre de grandeur permettant de déterminer l’avantage de l’autopartage, est que tout usage de plus de 10.000km/an justifie plus l’utilisation d’une voiture privée. En-deçà, le carsharing est dans la majorité des cas plus avantageux.
Les avantages de l’autopartage
1. Avantages financiers
Il est important de souligner cet aspect, tellement il pourrait aider des personnes ayant des difficultés financières à réduire leurs frais de transport, tout en gardant un confort proche de celui de la voiture privée.
L’autopartage fait économiser beaucoup d’argent en comparaison avec l’usage identique d’une voiture privée. Cela se compte en plusieurs centaines d’euros d’économies par an, allant jusqu’à 3.000€ d’économies à faire.
Les bruxellois qui se séparent de leur voiture et rendent leur plaque d’immatriculation bénéficient en plus de la prime Bruxell’Air !
2. Avantages logistiques
Vous déménagez ? Aucun problème, des camionnettes sont à votre disposition.
Vous ne partez qu’à deux pour une courte durée ? Il y a de petites voitures citadines adaptées.
Besoin d’un siège auto pour enfants ? Cambio les met à disposition dans des véhicules des 19 communes, dans pas moins de 50 stations fortement fréquentées sur les 130 existantes dans la Région.
Il est donc tout à fait possible de choisir la voiture qui correspond à votre besoin.
3. Avantages administratifs
Fini les rendez-vous chez le garagiste pour préparer le contrôle technique, les études de marché pour la meilleure assurance et les autres tracas administratifs. Tout est pris en charge par les opérateurs.
4. Avantages pour la santé
Il a été démontré que les personnes utilisant des voitures partagées adaptent plus largement leur mode de déplacement et favorisent de cette manière la mobilité douce (à pied ou à vélo). Indirectement, l’autopartage nous incite à bouger différemment, dont l’effort physique, même léger, profite à tout le monde.
5. Avantages environnementaux
En mutualisant davantage les voitures, l’impact environnemental est fortement réduit. D’abord, parce qu’il y a moins de matière première utilisée pour fabriquer de nouvelles voitures. Ensuite, parce que l’autopartage induit un usage plus sobre et raisonné de la voiture, et diminue de ce fait aussi le nombre de kilomètres parcourus – et donc les émissions de gaz à effet de serre.
6. Avantages d’urbanisme
Une voiture partagée remplace en moyenne 13 voitures privées. Cela libère énormément de place pour d’autres infrastructures urbaines : pistes cyclables, trottoirs plus larges, arbres et arbustes, espaces de jeu, terrasses commerçantes à front de rue.
Les inconvénients de l’autopartage
L’autopartage, bien que avantageux, suivant les arguments ci-dessus, n’est pourtant pas à la portée de tout le monde.
1. Accès à l’information
L’information concernant l’autopartage est peu répandue et peu connue. Le bouche-à-oreille est dans de nombreux cas la première source d’information, avant les campagnes de communication des opérateurs. L’information est diffuse et en ligne, rendant son accès difficile pour les personnes les moins à l’aise avec le numérique.
2. Freins administratifs
L’inscription peut sembler laborieuse pour les personnes éloignées du numérique, qui ne savent pas lire ou écrire ou encore qui ne comprennent pas le français ou le néerlandais. Les personnes ayant obtenu un permis de conduire à l’étranger ou n’ayant pas une adresse de résidence fixe en Belgique pourraient également rencontrer des obstacles à l’inscription.
3. Prix d’entrée
L’inscription, la caution et l’abonnement de l’autopartage a inévitablement un coût. Ce prix d’entrée peut s’avérer être un frein pour les personnes les plus démunies. Il existe toutefois des formules avec un prix d’entrée faible et même si l’inscription a un coût, cela reste moins cher que la voiture et permet de faire des économies sur une plus longue durée.
En comparaison, la voiture privée repose sur un modèle économique assez singulier. Aucun autre bien si coûteux et si mal rentabilisé n’est si répandu dans la société. S’acheter un véhicule neuf à plusieurs milliers, voire dizaines de milliers d’euros, auxquels il faut ajouter tous les frais annexes.
4. Sentiment de perte de liberté
« Ma voiture, ma liberté ! » L’autopartage demande une certaine organisation et une crainte récurrente est de pouvoir disposer à tout moment d’une voiture pour une éventuelle urgence médicale. Il existe différents modèles d’autopartage, permettant aux usagers de répondre aux mieux à leurs besoins. Pour les urgences, il ne faut ni oublier l’existence des services de taxis ou des ambulances pour les cas plus extrêmes.
Comment penche la balance ?
Les avantages de l’autopartage dépassent ceux de la voiture privée. L’argument principal étant la possibilité de faire de grosses économies sur base annuelle. De manière secondaire, et toujours importante, les avantages pour la santé et le climat sont aussi des facteurs déterminants.
Sans nier l’existence des freins à l’utilisation, il existe suffisamment de modèles d’autopartage pour que chacun et chacune y trouve son compte et en sorte gagnant. Le rôle des médiateurs numériques et sociaux est d’accompagner les personnes fragilisées et qui pourraient le plus en profiter sur ce sujet. Leur rôle est primordial pour lever chacun des freins – sur le numérique et d’autres sujets connexes également.
Quels outils utiliser pour la sensibilisation ?
La plateforme 123Digit met plusieurs contenus pédagogiques gratuitement à disposition, qui peuvent tant servir aux apprenants en autonomie qu’aux aidants souhaitant utiliser ces ressources dans leur accompagnement, individuel ou collectif. Elle recense également quelques outils intéressants à utiliser ou à consulter.
- Formation “découvrir le carsharing”
- Carte interactive des solutions de carsharing
- Calculateur du profil “autopartage” et calculs des gains par rapport à une voiture privée
Ces outils ont spécialement été conçus pour une prise en main facile et pour sensibiliser tous les citoyens aux avantages de l’autopartage.
Lisez aussi gratuitement notre article “Autopartage, comment accompagner les publics éloignés du numérique” !
Cet article a été rédigé dans le cadre du projet « 123Carsharing4Brussels ». Ce projet est lauréat de l’appel à projets « Low Emission Mobility – Inclusive Carsharing » financé par Bruxelles Environnement en partenariat avec Bruxelles Mobilité.